L E     C A F E - P H I L O     D E S     L U E U R S


N°0010 - PAGE 3
LUNDI 7 MAI 1999
FONDATEUR : LA GUILDE DES LUEURS


"Il n'existe pas de plaisirs purs: le plaisir est toujours un plaisir travaillé"

Une phrase comme celle-ci méritait une réponse ! Et quelques petites définitions et recherches étymologiques. "Il n'existe pas de plaisirs purs", c'est à dire (si j'en crois mon dictionnaire) il n'existe pas de plaisirs sans corruptions, sans défauts morales. "Le plaisir est toujours un plaisir travaillé". Si on veut bien s'en tenir à la définition du mot travail, qui vient du latin trepalium et désigne un instrument de torture, cette petite assertion innocente prend alors des allures hautement symboliques. Surtout ma chère Tinsel quand tu nous invites par la suite à nous masturber l'esprit pour en débattre ;-)

Je n'irai pas jusque là, mais j'avoue que disserter sur ta petite sentence m'a sincèrement amusé, et m'a amener à un certain état de plaisir.

Plus sérieusement, le plaisir se définit comme un état de contentement crée par la satisfaction d'un besoin, d'un désir. C'est à dire que le plaisir procède de l'effort (et non du travail), qu'il n'est pas acquis naturellement. L'état de plaisir est un état crée. Ainsi le plaisir physique, sexuel, résulte t il d'un effort, tout comme le plaisir ressenti lors de moments heureux. Tout plaisir naît d'une disposition d'esprit et de corps résultant d'un effort physique ou psychique.

Physiologiquement le plaisir résulte de sécrétion de neuromédiateurs spécifiques qui crée un état particulier de repos, l'impression de contentement, de plaisir. Cette sécrétion est la même qu'on obtient lors de l'injection de certaines drogues, et une accoutumance à ce plaisir peut se déclarer de par ces drogues ou de par une trop grande habituation à cette sécrétion hormonale. C'est ainsi que certains sportifs, certaines personnes accrocs au travail, peuvent être en manque d'efforts, en manque de plaisir. En ce sens effectivement plaisir et travail sont liés, plaisir et perversion deviennent indissociables.

Par ailleurs le plaisir procédant d'un effort, d'une recherche, il est directement associé à un art de vivre. A ce titre je citerai "A la recherche du bonheur" de Jean Giono, où si aucune recette au bonheur n'est donné, la description du plaisir et de l'état de bonheur peut inciter nombre d'entre nous à se questionner sur le bien fondé de certains plaisirs et certains bonheurs qu'on veut bien nous vendre aujourd'hui. Car, et c'est là que je voulais en venir, il n'existe pas aujourd'hui de plus grandes perversions du plaisir et du bonheur, que celui qu'on trouve dans la consommation, car celle-ci résulte directement de la quantité de travail fourni (et je parle bien de travail et non d'effort), et est dépourvu de signification personnelle, dans le sens ou la démarche nous est plus ou moins consciemment imposée par les publicistes. Le vrai plaisir (le plaisir pur de Tinsel) résulte d'un effort librement consenti et sans contraintes, dans l'objectif de satisfaire un désir personnel. Petit nota bene en forme de provocation, en psychanalyse le principe de plaisir s'oppose au principe de réalité, car il tend à satisfaire les pulsions qu'elle qu'en soit les conséquences. Je n'irai pas jusque là mais la recherche du plaisir peut aussi amener à une certaine auto-destruction, je pense notamment à  la recherche des paradis artificiel. 

C'est pour ces raisons qu'à toutes ces notions de plaisir je préfère la notion de bonheur, état acquis par l'effort, et qui résulte de l'entretien d'une certaine disposition d'esprit. Il est un état de plénitude à mon avis moins éphémère et plus durable que la recherche du simple plaisir.

Aujourd'hui et pour Eleria, la vraie question serait quelle vie et quel bonheur dans une communauté virtuelle? J'y ai partiellement répondu, mais je vous laisse chers lecteurs le soin de répondre et d'exprimer vos opinions concernant cette ardente question... 
 

Théo ;-)