Les jeux vidéos ont une histoire. Courte mais intense. Déjà suffisamment riche pour en faire une solide analyse sémiologique. Du sens - dans les jeux d'actions aux jeux d'aventure - il y en à revendre.
Fanny se penchera tous les 15 jours sur un aspect des contenus des jeux vidéos.
Cette semaine, pour ouvrir le bal, nous commençons avec une analyse rigoureuse des différentes facettes du Labyrinthe. Un domaine bien connu des avatars du 2ème Monde...
 

Dans les dédales du Labyrinthe...

Traverser un labyrinthe est une aventure pleine d’énigmes. Ce jeu de hasard se transforme vite en jeu d’intuition et de ruse, c’est pourquoi il fascine tous ceux qui aiment jouer à se perdre. Les labyrinthes des jeux vidéo sont très dangereux : réseaux complexes de routes, de couloirs où chaque virage peut déboucher sur un piège...un monstre...un secours providentiel...ou sur une impasse. Mais prison, ou refuge, le labyrinthe est aussi une image du cheminement de la pensée, de ses détours. Sortir, c’est déjouer le mystère d’une architecture secrète et du dédale de son esprit.

Les jeux de vidéo mélangent plusieurs types de labyrinthes.
Les jeux de plates-formes sont des labyrinthes vus de profil tandis que les jeux d’aventure et d’action sont souvent des labyrinthes vécus de l’intérieur, en vision subjective. Les warcrafts sont des labyrinthes curieux, bien que « vu d’en haut » le terrain se dessine petit à petit.
Pac Man n’est pas vraiment un labyrinthe mais une carte du labyrinthe car il est « vu d’en haut », dans sa totalité, avec l’entrée et la sortie. Or un labyrinthe est conçu pour être traversé morceau par morceau dans l’ignorance de la direction à prendre. Il se déroule au fur et à mesure.
Enfin, l’énigme des jeux est à son tour « labyrinthique » car il s’agit d’aller vers des objets cachés dans un ou plusieurs centres. Se souvenir, c’est rebrousser chemin, s’interroger c’est s’arrêter, résoudre un problème c’est contourner un mur, utiliser un savoir c’est passer par un raccourci. La pensée est le seul fil d’Ariane possible.

Mais que signifie le labyrinthe ?
Les questions qu’il soulève sont autant de voies infinies, confuses qui se multiplient dans tous les sens : faut-il aller vers les anciennes ruines ou le temple ? Faut-il avancer selon une règle ou bien se fier au hasard ? Quels terrifiants secrets nous attendent au terme de ce voyage ? Va t - il s’ouvrir sur le paradis ou l’enfer ? Représente t - il la terre ou est-il un plan de l’au-delà, d’une civilisation morte ? Symbole de l’ignorance ou clef de la connaissance, du savoir ?
De plus, évoluer dans un labyrinthe c’est évoluer dans du temps et en perdre la notion. Revenir au point de départ, tourner en boucle ou atteindre en un éclair des endroits lointains. Le temps ne s’écoule plus mais il se développe dans tous les sens, comme une spirale dans un espace clôt. Perdre ou gagner du temps quelle importance, surtout dans les jeux vidéo où le joueur peut sortir quand bon lui semble et recommencer par la même entrée ? Il s’agit plutôt d’en explorer patiemment tous les recoins en espérant qu’à la sortie il n’y en ait pas un autre...

Lieu de défi, de perdition, territoire de l’ennemi, le mystère du labyrinthe est conjuré par les jeux vidéo. Car retrouver son chemin est toujours possible grâce aux cartes, aux visions synoptiques qui permettent de « s’envoler » au dessus. Echapper au piège de la contradiction et du doute c’est peut-être suivre la voie ouverte jadis par Icare, c’est changer de point de vue.

Prochaine article pour le lundi 9 juin.

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