Qui a dit que l'avatar ne pouvait pas être un gastronome averti ! Mieux que cela : jouons - nous du paradoxe ! Qui est mieux placé que nous pour apprécier les plaisirs de la chair ! Citoyens du 2M, faites partager vos sensations gustatives, vos souvenirs de grandes bouffes... Dissertez sur les arts de la table, de la vaissellerie à la coutellerie en passant par la verrerie !

 

Tous les vendredis
retrouvez la rubrique culinaire du 2M.

 

  Quatrequarts vient de m’envoyer un mail de demande de sauvetage. Je lui dois bien ça, il m’est d’un soutien quasi quotidien depuis le départ de ce fourbe de Millefeuilles, qui n’a toujours pas daigné donner la moindre nouvelle, encore moins une explication...

Quatrequarts a invité ce soir le sieur Yohan, son responsable hiérarchique, comme il est convenu de dire. Or, pour la compréhension de l’anecdote, il est utile de préciser que Quatrequarts est un piètre cuisinier. D’où l’appel au secours.

Peu de temps pour bien faire. Téléportation boulevard Rochechouart. Munie d’un petit cabas en osier (j’aime cultiver le cliché), j’arpente les allées des marchands. J’ai envie de quelque chose de léger, un peu épicé. Je parle de mes envies, car je suis bien décidée à partager leur dîner. Quatrequarts est un homme moderne, qui accepte les cuisinières à sa table !

Une autre téléportation -j’avoue en abuser en ce moment- vers son appartement, et j’envahis sa cuisine.

Petit résumé des faits:

- La mission : réaliser une tarte au caviar d’aubergine et au poulet citronné.

- Les ingrédients : tout ce que j’ai ramené du marché, à savoir : des aubergines de bonne taille, fermes, à la couleur violet foncé, de l’huile d’olive tout droit venue de la Méditerranée (à ce sujet vous pouvez consulter la dernière rubrique culinaire d’Eric"dithyrambique"Roux), du blanc de poulet fermier, élevé uniquement aux grains sélectionnés un par un par la fermière du village de vos grand-parents, un citron, et de quoi faire une pâte brisée (éventuellement en acheter une toute faîte, pour les plus paresseux, ou pressés, c’est selon).

- La réalisation de la mission : On commence par faire cuire au four les aubergines. Cuites, on les hache très finement, et les assaisonne à coup de grandes rasades d’huile d’olive, de sel de poivre et d’ail haché lui aussi. On touille consciencieusement, et sauf malheureux coup du sort, on obtient une sorte de purée épaisse très goûteuse : le caviar d’aubergine. On s’occupe ensuite du poulet. Je découpe des petites lanières de blanc que je fais revenir à la poêle. Pas trop, le blanc doit rester tendre. Puis on les laisse mariner dans du jus de citron pressé. Mais pendant ce temps, on s’est très bien organisé (c’est pour cela que c’est une mission), on a donc fait cuire la pâte brisée au four. Tout est cuit. Il ne reste plus qu’à répartir sur le fond de tarte une couche de caviar, une couche de poulet, et encore une couche de caviar. Pour les perfectionnistes, on peut même décorer le tout en coiffant la tarte de lanières d’aubergines. Et hop, à nouveau au four, version grill cette fois. On la retire, à vu d’œil, quand les aubergines du dessus commencent à brunir.

- L’enjolivement de la mission : Je sers des parts copieuses de cette tarte, que j’accompagne, non pas de salade bêtement verte, mais de délicate mâche, non pas de sordides grains de maïs décolorés, mais de cœurs d’artichaut, et de petits oignons confits - je sors tout l’attirail de l’esbroufe, j’ai bien vu que Quatrequarts voulait impressionner Yohan.

- Le résultat de la mission : 3 estomacs rassasiés et impressionnés. Eventuellement quelques lecteurs tentés à leur tour.

Quatrequarts et son chef sont ravis, le sieur Yohan me propose même du travail.

Florentine