Le projet des irréductibles bimondiens.
Le 13 février 2002, suite au changement de ligne éditoriale de Canal+, le Deuxième Monde est abandonné et ferme définitivement ses portes, en dépit des efforts de l'Association des Bimondiens auprès de Canal Numédia pour en reprendre la gestion.
Les citoyens sont à nouveaux expropriés et dépossédés de leurs biens virtuels (cf. le « Cryodéluge »). Mais quelques irréductibles bimondiens refusant de baisser les bras, tentèrent de sauver la communauté en lui offrant un nouveau lieu où elle pourrait continuer de se retrouver et discuter.
Le projet « Lutèce 3D », initié par des utilisateurs bénévoles du Deuxième Monde, vise à proposer une nouvelle communauté blaxxun pour permettre aux habitants de continuer à arpenter le Paris du Deuxième Monde... à l'époque gallo-romaine. Un clin d'oeil au Deuxième Monde à travers le nom romain de Paris ainsi qu'au village gaulois d'Astérix et Obélix qui « résiste encore et toujours ».
Malheureusement, sans l'appui d'un sponsor tel que Canal+ et l'absence de participation des partenaires sollicités par l'association, beaucoup d'utilisateurs se sont tournés vers d'autres communautés telles que Archipolis ou Cybertown (qui deviendra payante en janvier 2003) ou ont tout simplement décidé de passer à autre chose.
Il y eut de nombreux et houleux débats. Fallait-il conserver l'esprit parisien du 2M ? Changer de lieu ? Changer d'époque ? Le Londres Victorien ? La Rome antique ? Lutèce était un clin d'oeil évident au Paris du Deuxième Monde. Mais fallait-il une reconstitution historique de la cité des Parisii (en dépit du peu d'information dont on dispose de cette cité gallo-romaine) ? Opter pour l'ambiance des bandes dessinées « d'Astérix » (historiquement incohérente, mais plus populaire) ?
Les premières cellules, « le Village Gaulois » et « le Camp Romain » sont mises en ligne en moins de deux mois en mars 2002, mettant fin au débat. Lutèce compte immédiatement une centaine d'inscrits. Les animations reprirent également : quizz et course au trésor organisés par Gaypard, concours d'avatars, mariages virtuels (CyrO et Radionath, Scolopandre et Cotelette)... Lutèce succédait donc à Paris !
La Seine fit rapidement son apparition, ainsi qu'un aqueduc. Les premières cellules s'agrandirent, se dotant d'arènes, d'une taverne, d'une poissonnerie et d'une maison perchée dans un arbre... tandis qu'une nouvelle cellule, la forêt des druides, venait enrichir ce nouveau monde.
En moins d'un mois, Lutèce parvient à rassembler plusieurs centaines de membres. La plupart sont issus du Deuxième Monde, mais des internautes autres que Bimondiens commencent également à évoluer dans ce nouveau monde virtuel ludique. Des clans se forment : rejoignant les gaulois et les romains, les égyptiens, les vénètes et les grecs s'invitèrent à Lutèce et de nouveaux lieux antiques sont conçus.
En deux ans, la communauté totalise près de 5.000 membres inscrits, visiteurs occasionnels ou participants actifs.
A l'instar de la liste citoyenne du Deuxième Monde, les « lutéciens » se sont dotés d'un groupe de discussion afin d'échanger sur les grandes directions à donner à la cité antique, faisant de Lutèce 3D l'une des premières communautés virtuelles totalement auto construite.
La communauté est mise à contribution pour dessiner un logo, trouver un slogan « Voir Lutèce et sourire », rédiger un journal (le Lut[S]). Les compétences techniques sont mises à profit. Lutèce devient le nouveau terrain de jeu pour « une nouvelle partie de Deuxième Monde ».
L'émergence de Second Life en 2003, la disparition de blaxxun, les contraintes technologiques et financières (coupures et changements de serveur, restrictions horaires, client lourd...), auront grandement affecté la fréquentation et amorcé le déclin de Lutèce 3D qui perdurera près de 5 ans et fermera à son tour en 2007...